2016
— Cette maquette, que Yann a apporté, comme un travail préalablement construit à
l’atelier pour l'occasion, a été discutée par nous tous. Le montage de cette petite maquette
demande à être manipulé à deux, ce qui est devenu une composante très importante de cet
objet lors des travaux collectif sur les maquettes. Cette structure en tension, qui fait penser
aux fils de funambules au cirque, est faite de bâtons et de ficelle. Elle suspend quatre feuilles
de rhodoïd translucides sur lesquelles sont imprimés des carrés monochromes.
Les couleurs de ces feuilles proviennent des quatre pixels centraux des deux moments de
coupe que Michael Snow opère pour passer de Wavelenght (1967) à WLNT (Wavelenght
for those who don't have the time) (2003), ainsi que de la première et dernière image du
film. En effet, en 2003 Michael Snow procède à la numérisation de la pellicule de 1967, il
la coupe en trois tranches de 15 minutes qu’il superpose, créant un film avec trois strates
d’images de 15 minutes, WLNT (Wavelenght pour ceux qui n’ont pas le temps).
— Dans le film original, un zoom mécanique réduit l'image en même temps que le son
sinusoïdal, la longueur d'onde, devient de plus en plus aigu. Dans la version de 2003,
différentes nappes de son aigus et bas, différents stades de l'avancement du zoom, vue
d'ensemble et gros plan, ainsi que les trois évènements impliquant une action humaine, se
superposent dans un chaos général.
La structure de fils et de bâtons de la maquette porte un autre objet, une image tissée
comme un tapis, entrelaçant deux imprimés du même photogramme pris dans le film The
Cave of Forgotten Dreams (2010) de Werner Herzog.
— Les deux imprimés tissés sont posés sur la base de la structure de la maquette.
Ce
photogramme est pris dans le film que Herzog a tourné dans la grotte de Chauvet, à ce
moment très particulier où Herzog s’arrête devant la représentation de deux cerfs peints
l’un sur l’autre dans des directions opposées. Il s'étonne du fait que les archéologues aient
daté l'exécution des deux dessins, à l'aide de la datation carbone, à 5000 ans d’écart.
— Cette maquette a toujours été au bord de l'atlas. Elle implique un rapport théorique
double : deux objets s'y entrelacent. Mais elle met aussi en évidence un rapport au lieu
double. Une relation concrète au lieu, la grotte et le zoom mécanique de Snow, mais aussi
une problématique complexe du temps à l'œuvre dans ces espaces stratifiés.
— La maquette a trouvé sa place dans une niche qu'on a creusé dans le mur entre la
salle des maquettes et celle des œuvres. Il me semble moins intéressant d'expliquer la
prochaine salle et les raisons de l'installation dans l'espace des œuvres, car elle ne
correspond pas à notre logique d'atlas, mais à celle de la perception des œuvres. Il suffit
donc d'indiquer leur position sur le plan. Ce qui est plus important à dire sont justement
les changements et les discussions lors de cette dernière installation de l'atlas.
Comprendre comment Snow in Chauvet se trouve finalement dans une niche dans le mur.